Pommier : 'pomme de haye'

Genre - Fruit : Malus domestica - Pomme

Informations de la variété

  • Malus domestica Borkh.

  • Pommier

  • POMME DE BOSC

  • Les pommes de Haie et celles de Bosc sont les variétés les plus citées par Gouberville : environ 60 fois chacune. Ces pommes douces sont pilées en septembre et octobre ; occasionnellement le 20 décembre 1553 et , très bizarrement, le 14 février 1557, date la plus tardive de ses pilaisons (erreur ?). Si Gouberville ne s’est pas trompé dans sa dénomination, elles devaient être extrêmement mûres, voire pourries ! Il est vrai qu’aujourd’hui encore certains vieux cultivateurs affirment que ce sont ces pommes- là qui donnent le meilleur cidre ! (A rapprocher de la pourriture noble du Sauternes ou de certains Coteaux du Layon). Les cultivateurs ont cependant toujours éliminé les pommes pourries, noires. Ce sont vraisemblablement les pommes à cidre Cotentines les plus anciennes que nous connaissons. Les anciens cultivateurs leur reconnaissaient une grande valeur. On leur reproche aujourd’hui de ne produire que tous les deux ans et d’encrasser les toiles des presses ; mais elles tiennent longtemps, tombées sous l’arbre, sans pourrir. Les Pommes de Haie ne seraient-elles pas autochtones ? Ne seraient-elles pas les pommes légendaires qu’un des premiers ducs de Normandie aurait trouvées dans un bois ? A Négreville, on les appelle « Pommes de Haie », chez Madame Vildier, près du Mesnil du Val à Teurthéville-Bocage, on les nomme « Pommes du Bosc ». Mais ce sont les mêmes, les premières ayant un nom germanique (La Haye, capitale des Pays Bas, voudrait dire « Bois du Comte »), les secondes, un nom bas-latin, d’où viennent aussi les mots bois et bosquet). Le fait que les deux noms correspondent à une même variété semble corroboré par Ch. Joret quand il cite dans sa flore populaire de Normandie, les pommes greffées par Gouberville : S’il met en tête la Pomme de Haie, il ne cite pas la Pomme de Bosq, son homonyme. (cf. Journal de Gouberville réédité par Deschamps, tome 4, page 36). Gouberville utilise indistinctement les deux vocables : Le 27 septembre 1552, il écrit : « je m’en allai à la haye de Digosville pour chercher des bêtes folles » (c'est-à-dire vivant en liberté dans les bois). «En passant, nous prinsmes Etienne Groult et son frêre pour nous conduire dedans le dit bois ». Haye veut donc bien dire bois. Et c’est bien dans un bois qu’il se rend le 16 juin 1553 lorsqu’il s’en est allé « à la haye de Valognes voir deux chênes qui étaient abattus passé plus de deux ans ». Mais pour lui « haie » a aussi la même signification que celle que les vieux Normands donnent encore aujourd’hui à la haie, ce liseré boisé séparant deux clos, poussant sur un talus (le fossé), provenant de la terre creusée à son pied (le creux du fossé). Le creux est la limite entre les deux héritages et les arbres et arbustes sont plantés sur le fossé selon des conventions strictes, comme cela est expliqué à Russy le 10 avril 1562. Et Gouberville exploite et entretient ses haies. Le 5 avril 1553, il fit « commencer à couper la haye d’entre les Longs-Champs et les Croultes. Le 7, trois ouvriers fossoyeurs (ou fossayeurs) vinrent commencer à la racoustrer » (on dirait aujourd’hui « relever la haie ») « et faire le fossé d’entre les Croultes et les Longs-Champs» . Ils y travaillèrent jusqu’au 22. Mais ce ne sont pas sur les haies que sont plantés les pommiers fussent ils de Haye ou de Bosc ! Ils le sont bien dans les champs limités par elles : « le 7 septembre 1551, je fis cueillir des pommes de Bosc au Clos au Couvert et le 27 septembre 1553, des pommes de haye au Jardin de la Colombière, le 25 août 1556, au Grand Jardin, le 4 septembre 1556, au Jardin aux Entes ». Cela doit faire des siècles que l’on sait les planter ainsi et qu’il existe des artisans sachant fabriquer des tonneaux avec leurs cercles, des pressoirs avec vis et écrou permettant à nos grands-parents de « piler » les très nombreuses variétés mûrissant successivement de septembre à mars, d’ « asseoir » le « marc » préalablement laissé dans la « cuve », de le « tirer » et d’« entonner » le jus. Savoir-faire qui n’ont pu s’acquérir qu’au cours de siècles. Mais nos grands parents qui pilaient les pommes de Haye ou de Bosc cherchaient-ils à savoir pourquoi la Haie du Puits ou la Haie d’Ectot se nomment ainsi ? Pourquoi la commune de Digosville possède deux Haies ? Pourquoi celle du Valdecie qui possède plusieurs lieux-dits le Bosc en a un plus précisément nommé « le Bosc de la Haie » ? Rechercher ce pourquoi aujourd‘hui risquerait de procurer des insomnies ! Pourtant, qui voudrait étudier, grâce à la toponymie, comment la forêt primitive que Gouberville a dû connaître a été défrichée, serait bien inspiré de se rendre sur la commune de Digosville. Là, à l’ouest, grossièrement alignés Nord-Sud, en subsistent des lambeaux. Le plus vaste est le « Bois du Château ». A l’Est, en position de marge, de limite, reliés par un chemin, lui aussi de direction Nord-Sud, s’alignent deux hameaux : « la Haie de Digosville de Bas » (Sud) et « la Haie de Digosville de Haut » (Nord), se prolongeant par le « Bois des Guillernelleries » puis par la « Lande Tibère ». Tous ces lieux-dits sont aujourd’hui des zones défrichées, des clos séparés par des liserés boisés que l’on appelle haies, clos sur lesquels règne la grande ferme dite « du Bois ». Que de vocables anciens ! Que de nuances peut-être, mais lesquelles ? Souhaitons que des amateurs éclairés continuent à planter des « pommiers de Haie », qu’ils les marient avec d’autres variétés historiques qu’ils trouveront dans les vergers de la Ferme Musée de Sainte Mère Eglise. Le temps s’écoulera calmement, et comme cela s’est produit depuis des temps immémoriaux, après que la pomme des bois aura été croquée, naitront des « poussins de Haie » (ces bébés conçus hors du mariage) !


    POMME DE BOSC (en patois prononcer « raie » et « bau »



    Periode de floraison : Mai -
    Periode de conservation : Septembre - Octobre -


Informations complémentaires

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Variété modifié le 2 septembre 2021